12. Audiotrace

Auteur : Yannick Guéguen / Date : 29 novembre 2022

Comment les récits citoyens peuvent construire une image de la ville ?

Projet

Le projet « Audiotrace » souhaite donner la place à des citoyens vivant dans la Ville de Sainte-Thérèse, dans une approche ethnographique. Cette ville est située dans la municipalité régionale de comté de Thérèse-De Blainville au Québec (Canada), à environ 30 kilomètres au nord de la ville de Montréal, où se situait le centre d’art Praxis, hôte d’une résidence d’artistes.

" Alors je voulais te faire partir d'ici
C'est un événement tragique dans ma vie,
qui a fait que j'ai choisi autre chose
Que j'ai pris un autre route
Et cet événement est parti de là
d'une mort tragique."

Méthodes

À la base du projet, il s’agissait de laisser parler les résidents pour construire une représentation de la ville. Quatre récits de vie ont donc été enregistrés le temps d’un cheminement dans la ville. Des événements, histoires personnelles et faits urbains ont été captés à pied et en vélo tandem. Ce dernier mode de déplacement a permis de conduire l’interviewé dans un plus large périmètre. Le projet s’apparente à l’audit d’une ville.

Il en ressort une image de la ville incarnée qui se dit et se décrit dans des moments de rupture, de changement et de deuil vécus à l’échelle humaine. Le récit polyglotte a ensuite été réécrit, relu et enregistré par l'enquêteur urbain pour pouvoir être vécu à nouveau sur place par les autres citoyens et visiteurs. Une composition sonore permet de renforcer l’aspect immersif. À l’auditeur de poursuivre l’analyse des significations, des affects dans la réactivation que propose l’écoute du récit.

Le récit est un voyage dans plusieurs histoires, où l'on découvre le contenu de “boîtes noires” de la ville et des vies de citoyens. Dans une dimension humaine, nous sommes témoins d’accidents urbains, d’événements majeurs, de choses cachées et de faits sociaux qui ont transformé l’esprit de la cité : la conscience d’une transformation, de soi, à l’intérieur d’une ville.

Conclusion

Des questions se posent si les histoires racontées sont singulières ou bien si le projet n’est qu’un moteur à parole, pour que d’autres personnes, ici où dans une autre ville, racontent leur “ethnographie” qui aura transformé leur chemin de vie, leur destinée, tout en étant à l’échelle d’autres humains. Ces moments deviennent les significations d’une communauté tout en nous démontrant l’importance de chaque instant.

Si les événements racontés sont insolites, ne peut-on pas imaginer que d’autres villes ont traversé des événements similaires ? Quelle ville n’a pas été marquée par un feu ? N’y a-t-il pas un accident déterminant qui a changé la destinée d’une ville ? Le projet ouvre donc aussi sur les destins des villes, sur les tragédies, ou simplement sur les transformations fatales, déterminant les phénomènes collectifs affectifs.

Ainsi, le récit fait émerger des thèmes insolites, drôles, surprenants, étranges, souvent tragiques et fait émerger des figures, des personnages, des familles, des disparus, des artisans. Au fil du récit, la ville se peuple de personnages qui nous deviennent familiers. Jardin, église, rivière, cinéma, cimetière, gare, des lieux remplissent notre cartographie mentale comme anthropologue du quotidien.

La ville devient comme un jeu de cartes, où l’on associe les personnages à des lieux, sous la forme d’un échange d’histoires de vie. Certaines cartes ont plus de valeurs que d’autres. Comme un jeu de tarot, ces histoires permettent peut-être de prédire l’avenir ? Ou bien, tout simplement l'interprétation des cartes permettra-t-elle d'exprimer des chemins de vie, des cheminements de pensées ?

Composantes du projet

1. Parcours commentés
2. Scénario
3. Composition sonore
4. Audioguide