13. Synchrone

Auteur : Yannick Guéguen / Date : 29 novembre 2022

La diffusion sonore en contexte permet-elle de révéler les ambiances ?

Projet

Le projet "Synchrone" propose une expérience sonore performative disséminée à l’aide de dispositifs audio pour plusieurs marcheurs-performeurs. À partir d’un agencement en quadriphonie et mobile à travers l’espace, ils diffusent la bande sonore, dans l’espace public, en jouant avec les configurations des lieux, tout en accompagnant un public mobile dans une expérience spatialisée.

Les théories de "l’action située" et les recherches sur les ambiances (Thibaud, 2002) apportent un cadre privilégié pour remettre à l’avant-scène les rôles de l’action et du contexte dans les processus de perception, d’interprétation et de représentation du monde. La cognition distribuée, l’une des branches de ces théories, apporte une perspective sur une notion intéressante : la redondance.

Hutchins et Klausen (1996), décrivant une cabine de pilotage, montrent que les dispositifs contiennent une mémoire, car ils induisent des procédures d’actions qui simplifient le calcul mental ou la réflexion. Ainsi, en augmentant les procédures, en les rendant redondantes, le pilote évite les erreurs et les redondances viennent confirmer une réalité, sinon la réalité.

Synthèse granulaire / Voix / Imitation / Bruitage / Séquençage / Écho / Vibration / Jeux

Méthodes

Que deviendrait l’appréhension des ambiances si on lui appliquait le même principe de redondance ? En jouant sur la redondance des phénomènes d’ambiance et des actions sonores, une performance sonore pourrait-elle devenir un outil réflexif de caractérisation des ambiances ? La redondance permettrait-elle de mieux qualifier, de valider des phénomènes d’effets sonores et de tester les limites de l’ambiance ?

Dans un premier temps, la caractérisation des lieux est réalisée en fonction de stratégies d’action et des dimensions des ambiances identifiées. Dans un deuxième temps, des partitions sont élaborées pour appuyer la caractérisation et noter les redondances identifiées. Enfin une création sonore permet de reproduire ou de s’inspirer du phénomène d’ambiances pour en créer un double un peu différent.

Enfin le scénario déterminé, le trajet fixé et les chorégraphes projetées, la performance sonore permet de spatialiser la nouvelle composition sonore dans les lieux. Là où les phénomènes d’ambiance ont été caractérisés, la musique joue avec la redondance des effets. Le positionnement mais aussi les mouvements des différents marcheurs-performeurs participent à la synchronisation de la musique et des phénomènes.

La performance joue sur la capacité du contexte à propager les sons. Ainsi, les espaces minéraux, les friches urbaines portuaires, militaires ou olympiques, caractérisées par la présence massive du béton, sont des lieux fortement réverbérants, permettant plus facilement d’observer les effets et la propagation du son.

Conclusion

En étant mobile, la performance permet de tester les transitions, les ruptures de mouvement et les changements perceptifs. Chaque effet d’ambiance, si subtil soit-il, peut être ainsi amplifié. La spatialisation et la direction de diffusion peuvent orienter la musique vers un point précis. La différenciation des musiques selon chaque marcheur-performeur permet de faire circuler le son, entre les sources. Le dispositif et le contexte s’agencent pour expérimenter et caractériser les ambiances du lieu.

Composantes du projet

1. Carte partition
2. Captations sonores
3. Composition