Auteur : Yannick Guéguen / Date : 29 novembre 2022
Comment interroger un territoire, présent et futur ?
Le projet "(Ar)chipel" invite le public à vivre un road trip le long des berges en proposant une expérience en réalité augmentée réflexive. L’expérience propose en différentes stations d’envisager de futures relations à l’eau en questionnant différentes propositions artistiques en lien avec les espaces aquatiques et les vues.
À partir d’une carte des accès aux berges, les visiteurs sont invités à parcourir le territoire et à certains points d’accès, de vivre la proposition d’un nouveau paysage. Chaque proposition invite le visiteur à confronter la matérialité réelle et virtuelle, à questionner la proposition au regard du contexte.
1. Davis Bay Park Public Dock
2. Mason Road rock beach
3. Wakefield Road Beach
Le projet s’inspire des Trente-Six Vues du mont Fuji, réalisées par Katsushika Hokusai (1760-1849). Cette série d’estampes représentant le mont Fuji depuis différents lieux, suivant les saisons, figure le rapport de l’homme avec la nature, tout en invitant à un voyage iconographique.
Le projet se vit selon deux modes. Un mode low-tech avec une série de cartes postales et d’une carte d’orientation. La superposition de la carte postale sur le paysage permet de voir un paysage augmenté. En mode high-tech, une application de réalité augmentée, introduisant l’animation 3D et la composition sonore interagit avec les capteurs du téléphone. Les deux modes peuvent se combiner, ou s’alterner.
La nouvelle réalité s’inspire des configurations du contexte, des potentialités de la vue. En tournant le téléphone, la vue se décompose, les sons évoluent. Les visuels jouent avec le contexte et les effets de surface des matériaux, avec le positionnement, les perspectives, les surfaces, les textures...
Une recherche sur les cartes postales est réalisée auprès des musées d’histoire locale afin de trouver des vues historiques sur le paysage. Une analyse de terrain est donc menée pour déterminer les vues, s’inspirer du contexte et contextualiser la problématique. Enfin, un travail prospectif sur le futur est réalisé.
Les visuels développés sont intégrés dans l’application mobile. Une carte numérique permet de suivre l’itinéraire et les points d’intérêts. Lorsque le visiteur est sur place, il peut alors déclencher la vue correspondant au site visité et jouer avec l’application afin de vivre l’expérience numérique.
Le projet permet de célébrer d’une part l’accès public des berges, d’autre part d’identifier des vues sur le paysage en lien avec l’histoire. Au milieu de chaque vue, un nouvel élément est introduit pour amener un questionnement, modifier la perception du paysage, ou faire réfléchir sur les menaces potentielles.
Dans la phase de diffusion, le public peut faire le road trip, tester le projet et ses différentes vues et écrire sa propre interprétation de la situation. Les cartes postales servent de mode d’échange entre les expérimentateurs et l’artiste. Des photos par l’application peuvent être envoyées sur les réseaux sociaux.
Le terrain de la Sunshine Coast en Colombie-Britannique sert de terrain d’essai pour la première itération du projet.
Cap sur le Saint-Laurent (Montréal-Rivière-du-loup-Saint-Siméon-Montréal, mai 2017), sous le pilotage d’André Carpentier et Karine Légeron, Montréal, La Traversée – Atelier de géopoétique, coll. «Carnets de navigation», no 17, 2018.
Nick Wates (2010) The Community Planning Handbook: "How People Can Shape Their Cities, Towns and Villages in Any Part of the World », Routledge