24. Dislocation

Post-modulaire
Post-modulaire

Auteur : Yannick Guéguen / Date : 29 novembre 2022

Comment se réapproprier un parc pour en proposer une nouvelle lecture ?

Projet

Le projet "Dislocation" est un jeu d’interaction par Gps qui suppose le choix de l’auditeur dans l’écoute d’une trame de sons géoréférencés. Dans ses déplacements, l’auditeur déclenche des sons dispersés sur le territoire, couvert d’une nouvelle couche de fichiers audio.

Inspiré de la théorie de la dérive (Guy-Ernest Debord, 1958), des ambiances et des situations construites, le projet revisite les approches « situationnistes », à l’heure des satellites. Tant au niveau de construire un territoire pour la dérive, que dans le contenu, le projet explore cet héritage artistique.

La notion d’urbanisme ludique et utopique du New Babylon (Constant) est illustrée dans la création sonore en proposant des chambres d’ambiance dans un labyrinthe à explorer. Après un parcours pour amener l’auditeur jusqu’au parc, le projet propose une libre exploration des zones dans la trame audio.

515. Une chambre de forme irrégulière où les sons rebondissent;
517-519. Le coin perdu des éclats de voix;
531a-531. La salle des échos avec ses jeux d'émetteurs radiophoniques;
535a-535. La salle des fenêtres, équipée de larges lentilles optiques qui agrandissent énormément la vue sur l'îlot voisin;
539-541. La salle des applaudissements cinématographiques, en rotation sur elle-même;
547-549. la salle sourde revêtue de matériau isolant;
551. La salle du réveil.
555. Un terrain vague où se dispersent les protestations ...

Dislocation
Image : Distribution des sons

Méthodes

Expérimenté sur le parc Lafontaine à Montréal, à partir des archives sonores Matricules du Studio XX (Ada X) et d’une résidence à Perte de Signal, le projet s’inspire aussi des multiples usages du parc, du champ de tir, en passant par l’époque où il était un parc d’attractions, jusqu’au lieu de flânerie actuel.

Le projet pour être expérimenté suppose une application qui déclenche le contenu géoréférencé. Il a été expérimenté sur la Place des festivals, dans le quartier des Spectacles (Montréal) avec un autre dispositif. Idéalement, le projet se déplace d’un endroit à l’autre pour être expérimenté en plusieurs lieux.

Il joue sur les décalages des ambiances invitant l’auditeur à vivre des détournements contextuels enregistrés notamment lors de spectacles urbains et de festivals. Il peut évoluer ainsi dans les paysages d’une société du spectacle (Guy-Ernest Debord, 1968), où l’espace public doit être animé et programmé pour le divertissement.

Dislocation
Image : Parc-labyrinthe d'après Junichiro Horikawa
Dislocation
Image : Parc-labyrinthe d'après Junichiro Horikawa

Conclusion

La perspective critique du projet interroge aussi l’utilisation des technologies GPS et numérique en proposant une nouvelle modalité d’expérimentation du territoire. Quelles nouvelles règles sociales ce type d’œuvres permet-il de construire ? Quelle pratique urbanistique convoque-t-il ?

Cette nouvelle réalité permet de transformer n’importe quel espace public en territoire d’exploration sonore, de modifier l’usage des lieux, de redessiner les plaques tectoniques et les zones d’ambiance, de créer des zones attractives ou répulsives, d’expérimenter un relief psychogéographique inédit.

Le projet s’inscrit dans l’histoire méconnue et très peu documentée des formes de créations localisées.

Composantes du projet

  1. Analyse territoriale
  2. Carte partition
  3. Captations sonores
  4. Scénario
  5. Composition
  6. Application

Références

Agostini Marchese, Enrico (2020) Pour une esthétique géolocalisée. Espace, imaginaire et littérature à l’époque du numérique, Thèse de l'Université de Montréal, Département des Littératures de langue française, Faculté des Arts et des Sciences.

Debord, Guy (1958) Théorie de la dérive, Internationale Situationniste #2, Paris, December 1958.

Wark, M. (2010). New Babylon ou le monde des communs: L'actualité intemporelle du projet d'architecture utopique de Constant. Multitudes, 41, 114-125.

Crédits

Dislocation - octobre 2011

Réalisation et scénarisation : Édith Normandeau, Yannick Guéguen

Co-production : Audiotopie, Studio XX, Perte de signal

Narration : Annie Bellerose

Conception sonore : Etienne Legast, David Martin

Masterisation et Vidéo : Thierry Gauthier

Graphisme : Yannick Guéguen

Soutien financier : Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de son soutien.