Auteur : Yannick Guéguen / Date : 29 novembre 2022
Comment créer des oeuvres qui proposent de travailler avec des écosystèmes et l'agroforesterie ?
Le projet "Métabotanica" vise à modéliser des plantes et leurs arborescences, à créer des paysages dynamiques sous une forme numérique, tout en explorant les maquettes architecturales et paysagères. Il a pour but aussi d’ouvrir un dialogue sur la manière d’aménager le territoire futur, notamment en aménageant des forêts-paysages.
La démarche à la fois scientifique, artistique et sociale vise à ouvrir une conversation sur les stratégies de résilience des paysages face aux changements climatiques, notamment en prenant en compte des programmes de plantations à grande échelle (2 milliards d’arbres).
La première étape consiste à explorer les formes de création du végétal, en portant attention sur certains détails des plantes : la forme de l’arborescence, les pilosités, la formation des fruits… Inspirés des travaux de recherche en informatique théorique inventés en 1968 par le biologiste hongrois Aristid Lindenmayer, des modèles de plantes sont élaborés selon des L systèmes ou systèmes Lindenmayer.
Les modélisations sont basées sur un système d’écriture des récurrences, des arborescences, des processus de développement et de croissance et évoluent en fonction de nouvelles générations. Le résultat donne des plantes modélisées en trois dimensions, mais qui peuvent évoluer selon des changements de paramètres. Les spécimens sont dupliqués selon une trame de points pour former un monde végétal.
Le projet allie une réflexion sur les arborescences, la croissance des végétaux et l’esthétique de la représentation des plantes. Cette approche est couplée avec une démarche plus manuelle, par la création de maquettes sensorielles qui deviennent des outils participatifs que le public peut manipuler pour créer des paysages.
Le développement des maquettes par bande étroite et longue permet de positionner les arbres, tout en favorisant des permutations dans la maquette, pour une exploration de différentes configurations et des séquences de masses et de vides. Certains matériaux utilisés comme le duvet d’Asclépiade amènent une dimension sensorielle. Les maquettes sont réalisées afin de servir lors d'ateliers publics participatifs.
Dans cette perspective, le public est invité à établir un dialogue écologique, mais aussi esthétique, notamment en étant impliqué dans la réalisation des maquettes. Le projet a aussi pour objectif d’interroger le statut de la maquette dans le champ de l’art contemporain. La création artistique participative permet d’engager une conversation pour la transformation des paysages.
En réalisant les maquettes, les dimensions tactiles (toucher des matériaux, manipulation), mais aussi visuelles (la perception de séquences, de pleins et de vides) et cognitives (les permutations, combinaisons, associations) sont abordées. Le résultat est une série de paysages modulaires colorés, sensibles et un moteur à parole pour aborder les problématiques du projet.
D’autres acteurs locaux touchés pour la problématique sont sollicités dans la collectivité pour une réflexion collective. Les maquettes peuvent alors traduire les différents points de vue lors d’une discussion et d’une participation collaborative.
Prusinkiewicz P, Lindenmayer A (1990) The Algorithmic Beauty of Plants. Springer-Verlag:New York.
Métabotanica - janvier 2023
Réalisation et recherche : Yannick Guéguen
Recherche et mentorat : Rachel Bouvet, Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal, Stéphanie Posthumus, Département de Langues, lettres et cultures, Université McGill
Programmation et design : Yannick Guéguen
Co-production : Groupe de recherche interdisciplinaire sur le végétal et l'environnement, La Traversée, atelier de géopolitique, D'Arts et de rêves
Soutien financier : D'Arts et de rêves, la création de cette œuvre a été rendue possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec
Diffusion : Colloque "Sensibilités végétales : par-delà art et culture", Université d'Artois, Arras, octobre 2021