Auteur : Yannick Guéguen / Date : 29 novembre 2022
Comment les technologies de communication nous obligent à repenser le bruit et le silence ?
Le projet "Géophonie" s’inspire de l’évolution des technologies de communication et de l’évolution des systèmes d’enregistrements de la musique. L’histoire de l’usine RCA, les objets du Musée des Ondes Émile Berliner à Montréal ont permis une première itération du projet. Une performance bruitiste a été réalisée avec la collaboration de La centrale.
Aujourd’hui, le téléphone intelligent est comme un petit musée contenant radios, téléviseurs, téléphones, phonographes, disquettes et tout un ensemble d’appareils photo, caméras, enregistreurs, instruments de musique.
Le domaine militaire et du renseignement a aussi permis le développement de systèmes de localisation, de codage, de brouillage, de communication de plus en plus puissant, jouant entre la clarté du signal et l’interférence des communications. Les phrases poétiques diffusées pour informer la résistance pendant la Deuxième Guerre mondiale donnent un exemple des communications codées.
Toutes ces techniques amènent des niveaux de signaux sonores. La propagation du son favorise l’extension du bruit au point de créer des rumeurs sonores constantes dans les villes, bien qu’un appel à un meilleur design sonore a depuis longtemps été envoyé (Schafer, 1979). La pollution sonore menace les écosystèmes.
En communication, le bruit fait référence à toute information externe et indésirable qui interfère avec un signal de transmission. Le bruit peut diminuer la force de transmission et perturber l’efficacité globale de la communication. Bruit réel et bruit communicationnel peuvent s’interpénétrer.
Circuit à peur
Répondeurs fantômes
Voix radiophoniques
Cinémaphonie
Jukebox mix
Radio police
Air connu
Le projet « Géophonie » propose donc de questionner l’évolution des technologies, le rapport au bruit et l’influence de la musique comme système de communication. La forme évolue entre le parcours sonore, le happening bruitiste et la production musicale.
Il vise à reconsidérer le silence dans un système où le son est produit en continu, sans arrêt. Il introduit une valeur au silence, augmente sa durée, mesure son apport bénéfique. Il interprète les bruits en des partitions graphiques, qui sont transcrites en onomatopées qui forment soit des pochettes de disques, soit servent à créer des panneaux-réclames, des manifestations silencieuses.
Le terrain des plateformes musicales est investi au même titre que la rue. Le happening, art de la situation (Allan Kaprow), ou série d’événements liés à l’art est réinvesti pour élaborer et diffuser le projet. L’esprit Fluxus sert d’inspiration au projet.
Le projet s’inscrit entre le projet des musiques silencieuses (Tom Johnson, 1995) et le style des musiques Noise, entre les plateformes de streaming et la rue. L’esprit collaboratif et le partage sont sollicités avec un esprit libre. Tous les systèmes de communication sont interpellés.
Harren, N. (2020) Fluxus Forms : Scores, Multiples, and the Eternal Network; University of Chicago Press: Chicago.
Johnson, T. (2015). La musique silencieuse. Inter, (121), 42–47.
Lussac, O. Fluxus et la musique; Ohcetcheo, 3; Les presses du réel: Dijon, 2010.
Schafer, R. Murray (1979) Le Paysage sonore, Éditions J.-C. Lattès
Géophonie - mai 2013
Réalisation et scénarisation : Yannick Guéguen
Co-production : Audiotopie, Musée des ondes Émile berliner, École Saint-Henri
Conception sonore : Étienne Legast
Graphisme : Yannick Guéguen
Processus participatif : Louis-Philippe Lavigne
Production déléguée : Martin Boucher
Coordination : Lawrence Hagg
Soutien financier : Conseil des arts de Montréal, Conférence Régionale des Élus de Montréal, Programme Libres comme l'art et du Programme de soutien à l'école montréalaise du Ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport (PSÉM)
Diffusion : Lire Montréal, troisième édition et Les promenades de Jane Jacobs 2011, Centre d'écologie urbaine de montréal